Un bar à vin vient d’ouvrir ses portes à Clermont-Ferrand dans un lieu inattendu. Il est installé au sein du service de soins palliatifs au CHU.
Cette initiative a vu le jour grâce au docteur Virginie Guastella, responsable du service des soins palliatifs, qui explique son projet à La RVF : « Une situation peut être palliative plusieurs semaines voire plusieurs mois et c’est parce que cette vie si précieuse est présente jusqu’au bout que nous avons décidé de cultiver tout ce qu’elle peut avoir de beau et de bon. »

À travers ce bar à vins, son but est de « redonner de l’envie quand le goût n’y est plus et de ré-humaniser l’hôpital« .
Un moment de convivialité centré sur les « symboles de vie » que sont « le vin et la nourriture » permet aux patients et aux familles de « rompre la morosité du quotidien, partager des instants où l’on s’abandonne et on oublie le temps d’un repas la difficile réalité inhérente à cette maladie injuste. »
On pourrait imaginer que le médecin a dû batailler pour que ce bar à vin voit le jour, mais en réalité son idée a été accueillie à « bras ouverts par l’institution » qui a été immédiatement « emballée« .
LE BAR À VINS AU SEIN DU CHU
Basé sur un système de « dons« , le bar à vins du service des soins palliatifs au CHU de Clermont-Ferrand est agrémenté par les produits de vignerons qui « se montrent généreux spontanément sans attendre de retour« .
Parfois, les familles des patients proposent de donner « quelques bouteilles de leur propre réserve« , une « reconnaissance » qui touche profondément le service.
D’une capacité de 200 litres, la cave à vins est dissimulée derrière une porte opaque pour des « raisons de discrétion au sein d’une institution publique et laïque« . Elle est installée dans un bureau et se confond avec le reste du mobilier.

« A-T-ON LE DROIT DE SE FAIRE PLAISIR EN FIN DE VIE ? »
La gestion de la cave à vins présente au cœur du service est l’occasion de « repenser le soin tous ensemble » et de se tourner vers « l’alimentation plaisir« .
Pour ce faire, le Dr Guastella a fait appel à Catherine Legrand Sebille, socio-anthropologue et enseignant chercheur, qu’elle a rencontré au dernier congrès de la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs.
Mme Legrand Sebille a réalisé un film sur le vin et la nourriture pour les patients en fin de vie. Elle est donc en mesure de former l’équipe soignante et les bénévoles d’accompagnement du service. Elle profitera de son passage au CHU le 9 septembre pour proposer une conférence grand public intitulée : « A-t-on le droit de se faire plaisir et de faire plaisir en fin de vie ? Plaidoyer pour les vins et la nourriture en soins palliatifs »
SERVIR LES VINS AU LIT DU PATIENT
Une fois formés, l’équipe et les bénévoles pourront servir les vins au lit du patient, dans l’espace famille qui est doté d’une cuisine ou dans le hall du service lors d’après-midi festifs comme le goûter de Noël.
Le Dr Guastella relève qu’ils ne sont « pas là pour interdire ou autoriser« , mais leur intention est de « bien faire et ne pas nuire« . Un projet de cette envergure tend à valoriser « le confort du malade » et « respecte sa dimension humaine » explique le docteur.
Même si une vie se termine, rien n’est jamais perdu. Il faut ainsi « redonner de l’espoir pour que demain existe en faisant plaisir à l’autre et en prenant plaisir à voir l’autre s’extraire de la maladie ».
(Crédit Mathilde Farbos)