Un jour, tout s’est télescopé dans ma tête et j’ai ressenti comme une déchirure béante dans mon corps, un séisme. Je venais d’apprendre de but en blanc que maman souffrait d’un double cancer : un à l’intestin et l’autre au poumon et on lui annonçait un décès dans les 3 mois. Maman avait jusque-là toujours été un roc, jamais malade, toujours en forme, dynamique, très coquette.
Ce jour-là, le 4 septembre 2016, l’annonce de cette double maladie à la progression ultrarapide contre laquelle on ne pouvait absolument rien faire, a provoqué un choc énorme; choc qui a précédé une période particulièrement difficile comme vous pouvez vous en douter.
18 mois en fait, et non 3… 18 mois d’un parcours « du combattant », durant lesquels j’ai côtoyé des univers nouveaux, j’ai «retrouvé» Maman, subi des situations terribles, parfois inhumaines mais aussi accompli des choses que je ne me pensais absolument pas capable de faire et rencontré des gens merveilleux.
Tout au long de ce parcours, j’ai écrit un journal. D’abord pour m’aider à extérioriser des ressentis, mais aussi pour écrire ce que j’avais peur d’oublier. Sans vraiment savoir ce que j’allais en faire, j’ai décidé de tout écrire, de transcrire ce qui me passait par la tête, où régnait plutôt le chaos, et aujourd’hui alors que j’essaie d’en faire un roman, j’ai décidé d’ouvrir ce blog pour vous part de mon expérience, de vous raconter certaines « aventures » (dans « Dictionnaire amoureux de l’Aidant ») et d’écouter les vôtres, vous transmettre des informations pratiques (administratif, associations), vous livrer certaines de mes « astuces » pour surmonter cette épreuve de la meilleure manière possible, être en capacité de voir le beau, de rester optimiste et combatif et surtout de profiter au mieux du temps que vous passez avec les êtres – malades ou non – qui vous sont chers.
Nous sommes 11 millions d’aidants en France.
J’ai eu un jour le privilège de faire partie de ce groupe d’individus à qui il est donné d’aider un proche dans la maladie. Et depuis, je me considère toujours comme un aidant. Car c’est une expérience qui marque et car après Maman, ce sont les aidants que j’ai envie d’aider.
Durant toute la durée de sa maladie, Maman a été vraiment très entourée; ses amis, notre famille l’ont accompagnée , mais Céline ma sœur, Jean Paul, mon oncle, Christine sa voisine et moi avons plus particulièrement joué un rôle d’aidant.
S’occuper d’un proche en situation de dépendance, qu’il soit malade, âgé ou handicapé, est physiquement et psychologiquement épuisant.
85% d’entre nous éprouvent d’ailleurs du découragement face à leur charge de travail et leur solitude. Comment mener plusieurs vies de front ? Comment ne pas s’oublier tout en s’occupant d’un parent, d’un conjoint ou d’un enfant ? De quelle façon lutter contre le sentiment de culpabilité ? Vers qui se tourner pour trouver un peu de répit ?
Mais dans ce parcours, il n’y a pas, loin s’en faut, que des choses terribles . Il y a la formidable chance de se rapprocher de cette personne qui en devient une autre, il y a des rencontres formidables et précieuses et il y a une multitude d’outils pour traverser les tempêtes et affronter un quotidien chargé.
Le blog LEFILENTRENOUS se veut une aide face à toutes ces nouvelles questions qui se posent. Un espace d’écoute et de partage ; Écoute, parce que parler à quelqu’un qui a traversé ou qui traverse cette épreuve permet de trouver un réconfort immédiat auprès d’un interlocuteur qui vous comprend parfaitement. Partage, car échanger des conseils pour alléger son fardeau, se préserver, pour parvenir à s’aménager des moments de répit, pour ne pas (trop) culpabiliser, est essentiel dans son quotidien. Par exemple, connaissez-vous les maisons des aidants ? le droit au répit ? Ou plus légèrement les bienfaits de la musique, de la danse, de l’amitié entre filles ?…
Aidant, ce blog vous est ouvert.